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samedi 19 mars 2016

Mise au point


T. T. WENTWORTH MUSEUM DE PENSACOLA, FLORIDE.


A. Comment savons-nous que Philip Long, soldat du King’s American Regiment (KAR), est notre ancêtre?

(1) Son nom apparaît dans ce régiment.

(2) Notre généalogie montre que nous sommes des descendants de Philip Long.

(3) Plusieurs lettres qu’il a fait écrire et qu’il a signées montrent qu’il a fait partie de la Révolution américaine 1776-1783.

(4) Sa signature dans divers documents montre qu’il s’agissait toujours du même individu.

(5) Un dossier militaire conservé à Ottawa regroupe diverses informations concernant Philip Long, soldat loyaliste.

(6) Bien que nous ayons peu informations sur ses allers et venus entre 1783 et 1792, nous assumons que Philip Long qui est arrivé en 1783 à St-John NB est le même qui s’est marié à Québec en 1792.

(7) Une note dans l’un des recensements de Deane & Kavanaugh indique qu’il a volé un « sac de malle » au cours de la Révolution pour le remettre aux Britanniques. Cette information à elle seule constitue une preuve irréfutable que notre ancêtre était soldat durant la Révolution. Deane & Kavanaugh ont connu notre famille à son arrivée à Clair et durant plusieurs années par la suite.

(8) Un croquis de la Ferme Long à Cabano réalisé par Joseph Bouchette (circa 1810) montre que Philip Long a vécu à cet endroit et qu’il était à l’emploi de la Couronne britannique.

(9) Nous avons plusieurs preuves que Philip Long était courrier du Roi lorsqu’il vivait à Cabano. Son fils, Jean-Baptiste, qui vivait à Ste-Luce (Frenchville) en a aussi fait part aux recenseurs américains Dean & Kavanaugh.

(10) Dans une lettre que Philip a fait parvenir à Lord Sherbrooke en 1816 (re. Benoît Long), il précise qu’il est à l’emploi de l’Angleterre depuis 1775. Comme dans tous les autres cas, il a signé cette lettre, mais ne l'a pas écrite.

(11) Philip Long a reçu en 1787 une terre de 200 acres à Meductic NB (Woodstock), terre qu’il a vendue en 1803 à Ruben Chase (re. Benoît Long). Cette terre avoisinait celles des autres membres du KAR dont le capitaine était Isaac Atwood. Ainsi, nous avons un lien fiable entre Philip Long soldat durant la Révolution et Philip Long réfugié loyaliste. Ce document est crucial.

(12) Philip Long était courrier et il a marié la fille d’un courrier de L’Islet Qc. Il y a là plus qu’un hasard.

(13) En 1805, La famille de Philip Long a été recensée dans la ville de Québec. Il s’est dit de religion protestante, alors que les autres (son épouse et deux enfants) étaient de religion catholique (re. Benoît Long). Tous les enfants de Philip Long & de Julie Couillard ont été baptisés dans une église catholique.


(14) La famille de Philip Long s’installe à la tête du Lac Témiscouata en 1809 et est responsable du courrier entre Fredericton et Québec.

(15) Il existe d’autres documents qui font le lien entre le soldat loyaliste et l’ancêtre des L*NG du Madawaska.

(16) Il est évident que la meilleure preuve quant à l’identité de Philip Long est l’ensemble de cette documentation amassée par plusieurs chercheurs de 1920 jusqu’à nos jours.

B. Qu’est-ce qui différencie nos recherches actuelles de celles réalisées il y a plusieurs décennies?

Auparavant, il fallait papillonner d’un presbytère à l’autre pour chercher des informations sur la généalogie d’une famille. De nos jours, nos moyens technologiques modernes nous rendent accessibles ces informations dans le confort de notre salon.

De plus, nous avons accès à des sources d’informations insoupçonnées, ce qui nous a permis de faire des pas de géant ces dernières années.

C. L’importance du concept du doute dans nos recherches.

Celles et ceux qui se sont dits satisfaits des informations recueillies à propos de la famille de Philip Long n’avaient pas de raison de rouler leurs manches et de chercher des documents pertinents. Par contre, ceux qui tenaient à préciser les origines de notre ancêtre ont formulé une hypothèse après l’autre et ont tenté par tous les moyens de chercher des documents qui permettraient de faire avancer ce dossier. Il est clair que ce dernier groupe était insatisfait des histoires transmises par la tradition orale et par certains écrits sur le sujet.

D. L’importance des documents dans notre recherche


Les progrès qui ont été réalisés dans cette recherche depuis un siècle sont la conséquence directe de documents pertinents. Tout le monde a son idée, ou même plusieurs idées, sur les origines véritables de Philip Long. Ce vide dans notre histoire de famille a suscité bien des discussions autour de la table de cuisine. Bref, jaser des origines de Philip Long et chercher des documents à cet effet sont des activités aux exigences fort différentes.

E. Un dossier militaire intrigant

Dans le dossier militaire de Philip Long conservé à Ottawa, on indiquait que Philip Long s’était marié à deux reprises. En 2003, j’ai rencontré l’archiviste de l’Église anglicane de Montréal qui a démontré hors de tout doute que notre ancêtre n’a pas marié Angélique Carpillet. Claude Crégheur fait aussi cette distinction dans son dictionnaire. Je ne puis vous dire depuis quand Claude en est venu à cette conclusion.

Vous comprenez qu’il était important d’éliminer du dossier de notre ancêtre cette pièce d’information qui nous emmenait dans un univers de confusion et brouillait notre piste.

Jusqu’à date, notre recherche a surtout consisté à éliminer des hypothèses de recherche. Chemin faisant, nous avons amélioré nos méthodes de travail tout en accumulant des documents intéressants.

F. L’âge de Philip Long

C’était important de préciser la date de naissance approximative de Philip Long de manière à réduire le nombre de candidats possibles parmi ceux qui étaient inscrits dans les bases de généalogie de divers pays. Il est évident que ces tentatives ont été infructueuses, car les dossiers religieux étaient imprécis. Si on a commis une erreur significative quant à l’âge de Julie Couillard sur son certificat de décès, il est permis de croire que la famille ne connaissait guère mieux l’âge de Philip. Bref, ce sujet nous a fait dépenser bien de la salive.

G. Un loyaliste protestant au beau milieu de francophones catholiques

S’il y a un facteur qui a biaisé nos recherches depuis 1920, c’est bien le fait que Philip Long était connu comme un Loyaliste. Dans ma lignée, nous savons que les Cyr étaient conscients de ce fait lors du mariage de mon grand-père Liguori avec Léonie Cyr en 1921.

Tous les Acadiens de la région savent que les Loyalistes ont chassé leur parenté qui vivait paisiblement à Ste-Anne de Fredericton en 1783, ce qui a provoqué une seconde Déportation tout aussi cruelle que la première en 1755. Je ne connais personne de ma famille qui est fier de cet événement. On ne choisit pas ses ancêtres.

Il n’est donc pas étonnant que certaines hypothèses de recherche ont pu être formulées de manière à nous éloigner de ce fait indéniable qui nous colle à la peau depuis cet événement.

H. Des histoires à dormir debout

Aux alentours de la Dépression de 1930, la rumeur a circulé que notre ancêtre était un riche propriétaire terrien du Témiscouata. Plus tard, on a aussi prétendu que Julie Couillard était une héritière de fortune.

C’est grâce au travail acharné de Mgr Lang que cette histoire de « Fortune des L*NG » a pu être écartée.

Des rumeurs de la sorte n’ont certainement pas fait avancer cette recherche, bien au contraire. À part Mgr Lang, ils n’étaient pas nombreux à une certaine époque à croire qu’une telle recherche doit s’appuyer sur des documents et non sur des contes de fée. Mais, autres temps, autres moeurs.

Mon expérience en généalogie de la dernière année m’a montré que notre famille a suivi le même parcours que les autres familles du Haut-Madawaska, rien de plus, rien de moins.

I. La publication de nos résultats de recherche

Certes, de nos jours, il est facile de publier nos travaux de recherche. Ça n’a pas toujours été le cas, cependant. Dernièrement, j’ai pris la décision de publier mes travaux de manière à susciter de l’intérêt chez les plus jeunes membres de notre famille. L’intérêt pour cette recherche est toujours vif chez ceux de ma génération, mais à peu près inexistant chez les générations suivantes. Pourtant, ces jeunes ont souvent plus d’expertise et de moyens technologiques que nous.


J. L’accumulation de nos résultats

Si nous avançons dans nos recherches actuelles, c’est aussi et surtout parce que nous bénéficions des travaux des autres chercheurs qui nous ont précédé. À cet effet, je dois souligner l’immense contribution de Benoît Long, mon frère, qui a publié un document synthèse à partir de ses propres recherches et de celles d’autres collaborateurs qui sont connus.


K. La contribution déterminante de Gilles Long

Si je devais choisir le geste ou le document le plus important de cette recherche centenaire depuis qu’on a précisé la généalogie de notre famille, c’est sans contredit, à mon humble avis, les résultats obtenus par Gilles Long lorsqu’il a eu l’idée géniale de passer un test d’ADN. Pour ma part, ce résultat a littéralement changé le cours de ma recherche, ce qui est bien évident en prenant connaissance de ma dernière hypothèse. Son travail a rétréci notre champ de recherche.

Il nous a fait part de ce résultat aux environs de 2003-4. Mais, dix ans plus tard, la recherche semblait faire du surplace. Ce résultat indique que nos ancêtres pourraient fort bien provenir de l’Allemagne.

Et qui plus est, un dénommé Darl Long du Michigan (qui habite maintenant en Californie) est fortement relié à notre famille sur le plan génétique. Les efforts que nous avons faits pour lui nous ont amené jusqu’à son ancêtre John R. Long né en 1815 en Pennsylvanie et dont le père serait lui aussi né en Pennsylvanie. Du moins, c’est l’information qui se dégage des recensements de l’époque.

Cependant, grâce à Leslie Wright-Bagwell, qui a élaboré au fil des années la généalogie de cette famille, il est possible que que John R. Long soit né en Allemagne. John a marié Sarah Ann Piper. Ils ont eu trois enfants, dont Sybilla Sarah Long qui est la grand-grand-grand-mère de Leslie. Elle a transmis une note à Leslie sur laquelle elle indique que son père John est né en Allemagne.


Bref, ce résultat nous permet d’éliminer certaines hypothèses qui circulent au sujet des origines de Philip Long.

Pour les Américains, le test d’ADN est devenu une planche de salut, un moyen de dernier recours. Leurs ancêtres viennent d’Europe, mais la plupart font face au même dilemme que le nôtre. Cette alternative à la généalogie offre un espoir et fait fureur.

Il ne faut pas croire, cependant, que c’est la panacée à tous nos casse-tête. Par exemple, notre ADN peut provenir de l’Allemagne, il y a plusieurs siècles passés, mais Philip a pu habiter dans divers pays sans que cet ADN ait changé par comparaison aux autres qui sont restés en Allemagne. Donc, il y a loin de la coupe aux lèvres!

L. La fidélité à la Couronne britannique

Le roi George III d’Angleterre
Philip Long a manifesté une fidélité indéfectible envers l’Angleterre en combattant dans un régiment loyaliste et même après s’être réfugié au Canada. Ce n’est pas le seul loyaliste non plus qui a bénéficié du support et des faveurs de l’Angleterre après 1783 à son arrivée au Canada.

En 2003, j’étais convaincu que Philip Long pouvait fort bien être d’origine britannique d’une quelconque façon. Le PRO m’a confirmé à cette date que le nom de Philip Long n’apparaissait nulle part dans les régiments réguliers britanniques. S’il était loyaliste, il était certainement un citoyen américain : c’était ma croyance à cette date.

En cherchant l’origine des compagnons d’armes de Philip dans le KAR, j’ai appris qu’ils étaient pour la plupart d’origine anglaise, ensuite irlandaise, écossaise, et même allemande. Donc, ça ne faisait qu’accroître la confusion.

J’étais conscient en 2004 de la participation des Hessians à cette guerre, mais je privilégiais l’ascendance britannique. J’ai fait une erreur à ce moment-là d'avoir traité les autres hypothèses avant l'hypothèse allemande. On peut aussi prétendre qu'il fallait suivre un processus d'élimination et que les résultats, quels qu'ils soient, finiraient par déboucher sur les origines véritables de notre ancêtre.

M. Les Hessians

De 2004 à 2014, je n’ai pas consacré une minute à cette recherche. En 2014, en scrutant les bases de données reliées à la Pennsylvanie, entre autres, j’ai réalisé que Philip Long pouvait être entré incognito aux États-Unis : 
     (a) alors qu’il était enfant – les enfants ne sont pas identifiés sur les listes des navires; 
     (b) qu’il a pu naître aux Etats-Unis sous un autre patronyme tel que Lung, Lang ou Lange; 
     (c) qu’il a pu faire partie d’un régiment militaire lui permettant d’immigrer sans laisser de traces.

En moins de deux, j’ai trouvé un dossier militaire d’un Hessian à Marburg, Allemagne, appartenant à Philipp Lange. Selon ce que je connaissais de mon ancêtre, ce candidat était à prendre au sérieux.

N. Philip Long du West Florida Royal Foresters (WFRF)

Je me suis mis à l’étude des Hessians du temps de la Révolution dont le nombre est estimé à 37 876 par Daniel Krebs.

Nous savions depuis longtemps qu’un certain Philip Long figurait sur une feuille d’appel du WFRF en date du 9 mai 1781 à Pensacola, Floride (re. Benoît Long). À cette date, il a déserté de son régiment et on le retrouve sur la feuille d’appel du KAR à Savannah, Georgie, six mois plus tard. La distance entre ces deux localités est de 450 milles. Benoît Long s’est longuement attardé sur ce candidat, tout comme Ghislain Long. Rien ne démontrait qu’il s’agissait d’une seule et même personne, mais tous les deux constataient que ça pouvait fort bien être la cas.

Par ailleurs, le WFRF et le KAR sont deux régiments de cavaleries (dragoons) : ce détail n’est pas banal, à mon avis.

Vous réalisez, j’en suis sûr, que n’eut été des documents militaires de Philip Long, nous n’en serions pas là dans nos recherches. Chaque feuille d’appel (muster roll) a une valeur inestimable parce que pour bon nombre de ces soldats, on ne trouve pas de baptistères en Amérique.

O. L’explosion du Fort George de Pensacola, Floride

Le 8 mai 1781, la réserve de munitions du Fort George a explosé lorsqu’un boulet de canon lancé par les Espagnols est passé par la porte laissée ouverte. Le Major-général George Campbell a rendu les armes le lendemain. Plusieurs en ont profité pour déserter. Certains furent capturés dans les marais de la Floride plusieurs semaines plus tard.

J’ose croire que Philip Long n’a pas été capturé parce qu’il avait une monture comme ses 20 autres compagnons du WFRF. Les Espagnols et les Patriotes ont fait des centaines de prisonniers qu’ils ont laissé partir pour New York ne pouvant pourvoir aux besoins d’autant de prisonniers.

Je me répète en vous disant qu’il y avait à cette date au Fort George des soldats Britanniques, le Waldeck, le Pennsylvania Loyalists, le Maryland Loyalists, le WFRF, entre autres.

P. Comment Philip Long est-il arrivé à Pensacola ?

Mon hypothèse repose sur deux pré-requis : 
     (1) Philipp Lange a adopté le patronyme de Long; 
     (2) Après avoir déserté du Waldeck, il a rejoint un régiment loyaliste (le Pennsylvania Loyalists ou le Maryland Loyalists).

Philipp Lange a déserté du Waldeck le 8 août 1778. Les régiments allemands, accompagnaient toujours les régiments britanniques et loyalistes sur les champs de bataille. Quelques jours avant sa désertion, le Waldeck 3e Compagnie du Capitaine Alberti accompagnait le Pennsylvania Loyalists et le Maryland Loyalists à New York et dans les environs.

À l’automne de 1778, les Britanniques décidèrent de se rendre en Floride afin de renforcer l’esprit loyaliste dans cette région, voyant que les Patriotes étaient en train de s’accaparer du Nord. Todd Braistaid soutient que 10 000 militaires et civils faisaient partie de ce grand Déménagement qui dura plusieurs mois. Une flotte de 250 navires fut mobilisée pour cette aventure titanesque.

Le Waldeck 3, le Pennsylvania Loyalists, le Maryland Loyalists et des régiments britanniques faisaient partie des passagers.

Cependant, bien peu de documents, tels que des feuilles d’appel, ont été retrouvées et qui se rapportent à cette période de l’hiver 1778 jusqu’au mois de mai 1781. Nous savons que les militaires ont été surtout affectés à la construction dudit Fort George. Il y a eu quelques batailles fermes et des escarmouches ici et là. Les conditions de vie du côté britannique étaient atroces et insupportables. Il faut dire que rien n’a été plaisant pour aucun soldat ou citoyen durant cette guerre d’Indépendance

John Merz a montré à partir des Loyalistes installés en Ontario surtout, que plusieurs Hessians sont passés dans les régiments loyalistes après leur arrivée en 1776

Quant à la désertion, Daniel Krebs y a consacré un livre tellement ce phénomène a été crucial et répandu au cours de cette guerre. Tout compte fait, la désertion était motivée par les mauvaises conditions de vie dans son propre régiment et par l’espoir de les améliorer dans le camp opposé. L’argent est le nerf de la guerre, à toutes les époques.

Cependant, il faut absolument ajouter que Benjamin Franklin a fait voter au Congrès une loi qui permettait d’offrir toutes sortes de bénéfices à ces Hessians afin de les convaincre de passer du côté des Patriotes et de rester en Amérique, surtout en Pennsylvanie où des villages entiers étaient composés d’immigrants Allemands. D’ailleurs, les soldats capturés étaient rapidement amenés en Pennsylvanie, et pour cause.

Ce n’est pas parce que le Waldeck se trouvait à Pensacola que je crois que Philip Long s’y trouvait. Il avait déserté du Waldeck en 1778. Je crois que Philipp Lange faisait partie du grand Déménagement de l’automne 1778 avec un régiment loyaliste. Les coïncidences sont surprenantes, avouons-le.

Les Hessians qui désertaient ne pouvaient revenir à leur régiment. Mais, quelques centaines de ces Hessians ont choisi de s’inscrire dans un régiment loyaliste plutôt que de passer chez les Patriotes. Il semble que ce soit pour obtenir un bien meilleur salaire. Certains Hessians manquaient de tout, surtout d’un salaire qui mettait des mois à venir. Des Hessians désertaient aussi pour obtenir de la nourriture, des vêtements et un toit. Plusieurs ont dû découper de vieilles tentes pour se fabriquer des pantalons.


Q. Le changement de patronyme de Lange à Long

De nombreux immigrants Allemands ont changé leur patronyme de Lang, Lange ou Lung à Long en arrivant en Amérique pour se fondre dans le paysage britannique. Mais, pas tous. Ils sont nombreux ceux qui ont conservé leur patronyme. Il suffit de réviser les recensements américains pour s’en convaincre

Cependant, en s’inscrivant dans un régiment loyaliste, il me semble que ce changement s’imposait avec plus de vigueur. C’est en partie ce qui me fait croire que Philipp Lange est devenu Philip Long.

R. La cavalerie
Le fait que le KAR a été un régiment de cavalerie me fait croire que Philip Long du WFRF est notre ancêtre et qu’il en faisait partie, car le WFRF était aussi un régiment de cavalerie

Il ne fait nul doute que les cavaliers étaient des soldats mieux rémunérés que les autres. Ils acheminaient le courrier entre les régiments dispersés sur un large territoire et ils scrutaient les environs en tant qu’éclaireur.

Mettre la main sur un cheval était fortement récompensé. Un cavalier qui passait dans l’autre camp recevait une prime importante et de la reconnaissance.

Les Hessians avaient un régiment complet chargé du courrier.

Il n’est pas étonnant qu’attraper un courrier du camp adverse était un geste significatif. Il est raisonnable de croire que Philip Long était courrier lorsqu’il a volé un « sac de malle ». Je n’ai rien cependant pour le démontrer hors de tout doute. Je ne vois pas bien non plus comment un fantassin peut s’emparer d’un cavalier du camp adverse. Une autre de nos interrogations pour laquelle nous ne trouverons pas une réponse définitive.


S. Philip Long a-t-il fait partie des Patriotes ?

Comme plusieurs d’entre vous, j’ai trouvé deux soldats du côté des Patriotes qui portaient ce nom. Il est clair qu’il ne s’agit pas de notre ancêtre, car je les ai suivis à la trace jusqu’à leur décès aux États-Unis.

J’ai scruté tous les dossiers des Patriotes et le nom de Philip Long n’apparaît nulle part autre que dans ces deux cas précis.

Il ne faut pas oublier, comme je l’ai souligné plus haut, que Philip Long tenait mordicus à cette allégeance britannique, tout pour nous convaincre qu’il est originaire des Îles britanniques.

Mais, les Allemands combattaient aux côtés des Britanniques parce que le roi George III d’Angleterre était d’origine allemande. Il y avait une relation étroite entre ces deux pays depuis longtemps.

T. Les zones grises qui le resteront


Malgré nos moyens technologiques actuels, il est clair que bien des aspects de la vie de Philip Long resteront inconnus. Pourquoi ? D’abord, au cours de la Révolution, nous ne disposons que de documents militaires à son sujet. Ensuite, aucun autre document religieux en terre américaine ne semble indiquer qu’il y est né. Enfin, Philip a vécu à une époque où le crayon était moins utile que le mousquet.

Il va s’en dire aussi que Philip Long n’était pas instruit au point d’être illettré ou presque. Sa signature était pour le moins laborieuse, ce qui était la norme plutôt que l’exception à cette époque.

Mgr Lang regrettait que personne dans l’entourage de Philip et par après n’ait pensé à écrire au sujet des origines de son ancêtre. Nous comprenons sa déception. Il n’est pas étonnant que bien de nos hypothèses étaient parfois chancelantes. Cependant, si rien n'a été écrit sur les origines de Philip, il est clair qu'au début du 20e siècle, les habitants de Clair savaient que Philip était associé à la Couronne britannique. Au mariage de mon grand-père paternel, la famille Cyr a eu du mal à partir avec son mariage avec ma grand-mère paternelle, Léonie Cyr. 


C'est ce qui me fait dire que Mgr Lang, voisin de mon grand-père, a dû être au courant de cette notion. Lorsqu'il a débuté sa recherche, Philip était décédé depuis 90 ans. Les Acadiens ont la mémoire longue et pour cause.
Todd Braisted a passé sa vie à récupérer et à assembler tous les documents relatifs aux Loyalistes du temps de la Révolution. S’il ne possède pas de documents pour éclairer les zones grises de notre ancêtre, il faudra se tordre les méninges dans tous les sens pour y ajouter cet éclairage que nous souhaitons.

La désertion

LA DÉSERTION AU TEMPS DE LA
RÉVOLUTION AMÉRICAInE 1775-1783

Vous êtes déjà informés de mon hypothèse qui stipule que mon ancêtre Philip Long serait un dénommé Philipp Lange, mercenaire allemand arrivé aux États-Unis en 1776 en tant que membre du régiment Waldeck. Je crois aussi qu’il a déserté en août 1778 pour s’enrôler ensuite dans un régiment provincial avant de se rendre à Pensacola en Floride à l’automne de 1778. En 1781, un Philip Long apparaît sur une feuille d’appel du WFRF (déserteur) et, quelques mois plus tard, sur des feuilles d’appel du KAR.

Un test du chromosome Y-ADN devrait nous indiquer si ce Philipp Lange a un lien de parenté avec moi. Un tel test est surtout utile à ceux qui ne peuvent dresser la généalogie de leur famille. Malgré tout, il faut tout mettre en oeuvre pour dénicher des documents qui permettent de renforcer une piste de recherche.

Dans mon cas, il est crucial de démontrer que les mercenaires allemands pouvaient déserter de leur régiment pour ensuite s’inscrire dans un régiment britannique provincial (Provincials).

John Merz a été convainquant en répertoriant plus de 125 mercenaires allemands qui sont passés dans les rangs de régiments loyalistes provinciaux.

Peu d’auteurs ont fait mention de ce genre de désertion. Cependant, je viens de découvrir ce qu’en dit Todd Braisted du Loyalist Institute. Voici quelques extraits.

 Référence: http://www.royalprovincial.com/military/facts/ofrdeserters.htm

Braisted prétend donc que les régiments Provinciaux servaient à récupérer les déserteurs. Braisted affirme aussi que plusieurs de ces déserteurs ont déserté plus d’une fois. Les soldats des régiments Provinciaux recevaient un traitement similaire à celui des soldat de l’armée britannique régulière. Bref, on pourrait pratiquement considérer les Provinciaux comme des « mercenaires britanniques ».

Mais, une publication de Don H. Hagist montre sans équivoque la relation étroite qui existait entre les régiments britanniques et allemands. Non seulement les mercenaires allemands combattaient côte à côte avec les Britanniques, mais ils faisaient partie intégrale de leurs régiments. 

J'assume que cette fluidité permettait à un soldat allemand d'intégrer un régiment loyaliste après avoir déserté. À cause des conditions de vie difficiles des mercenaires allemands, il n'est pas étonnant que certains ont choisi de déserter chez les Patriotes américains et même dans des régiments loyalistes qui offraient de meilleures conditions. Voici un tableau préparé par Hagist montrant le nombre de recrues allemandes intégrées à des régiments britanniques en 1776.

http://www.revwar75.com/library/hagist/FORTYGERMANRECRUITS.htm

NOTE. Surtout à partir du livre de Daniel Krebs, j’ai pris des notes sur la désertion dont je vous fais part dans le texte suivant. Si mes notes paraissent désordonnées, c’est parce qu’elles le sont.  

Référence: Krebs, Daniel. A Generous and Merciful Enemy. Life for German Prisoners of War during the American Revolution. (1974). University of Oklahoma Press: Norman
(1) Le nombre de prisonniers allemands
Les mercenaires allemands faits prisonniers au cours de la Révolution américaine 1776-1783 étaient au nombre de 5 400 sur un total de 37 876 (Krebs).

(2)  Les principautés allemandes 

Les mercenaires appartenaient à six principautés allemandes : Braunschweig-Wolfenbütel, Hessen-Kassel, Hessen-Hanau, Waldeck, Ansbach-Bayreuth et Anhalt-Zerbst. Chacune de ces principautés était indépendante et ne répondait à aucun gouvernement central.

(3)  Soldats à louer  

Ces principautés louaient des régiments à d’autres pays et en tiraient un revenu qui leur permettait d’améliorer leurs services dans bien des domaines. C’était une source de revenus importante.

(4)  La loyauté des mercenaires envers le roi Georges III d’Angleterre

L’armée allemande durant la Révolution représentait près d’un tiers de l’armée britannique. Puisque le roi britannique Georges III était d’ascendance allemande, les soldats Allemands avaient un motif supplémentaire pour se porter à la défense de l’Angleterre. Par contre, plusieurs soldats se considéraient plutôt comme les victimes de cette entente germano-britannique. Ils étaient nombreux à voir les Princes comme des tyrans.

(5)  L’intention de déserter

Il était connu en Allemagne que bien des mercenaires et quelques hauts gradés avaient l’intention de déserter une fois sur le sol américain. La Révolution américaine était une occasion idéale pour traverser l’Atlantique sans frais de transport.

(6)  La bio des mercenaires allemands

La majorité des mercenaires était de religion protestante (Luthériens ou Réformés). La moyenne d’âge était de 24 ans. Ils provenaient des couches inférieures de la société. Les Allemands qui étaient propriétaires d’une ferme ou d’un commerce pouvaient se soustraire à la conscription. La grande majorité était célibataire. Dans certains cas, une partie de leur salaire était versée à leur famille.

(7) Soldat ou mercenaire

C’est une généralisation que de prétendre que tous les soldats allemands durant la Révolution étaient des mercenaires, des soldats de profession. La plupart étaient plutôt des citoyens réguliers qui se sont enrôlés pour le salaire et l’aventure de se rendre en Amérique vue comme une terre de liberté et d’opportunités économiques. On savait que les hommes de métier recevaient un salaire beaucoup plus élevé en Amérique qu’en Allemagne. « The German auxiliaries who served for the British between 1776 and 1783 were thus a mix of professional, soldiers, volunteers, and conscripts. It is inaccurate to condemn these men as mercenaries or as the dregs of eighteenth-century society» Krebs p. 55

(8) D’abord des fantassins 

Tous les Hessians de la Révolution étaient d’abord des fantassins. Au fil de la guerre, certains ont été affectés à d’autres fonctions. Si certains étaient des cavaliers en Allemagne, il leur a fallu se procurer des montures en Amérique, évidemment.

 (9)  De prisonnier à déserteur

Au début du conflit, les citoyens américains considéraient les prisonniers comme un fardeau. Peu à peu, ils ont réalisé qu’ils pouvaient les utiliser à leur escient et tirer profit de la situation en leur offrant un emploi rémunéré en argent, en nourriture, en vêtements, par exemple. C’est ainsi que plusieurs prisonniers ont fini par déserter.

(10)  Les incitatifs à la désertion

Benjamin Franklin, un génie militaire, a fait voter au Congrès américain des dispositions qui ont changé l’issue de cette guerre. Les prisonniers allemands étaient rapidement acheminés en Pennsylvanie où des villages complets étaient composés d’Allemands immigrés en Amérique bien avant 1775. 
Une fois sur place, on leur offrait des conditions alléchantes pour qu’ils désertent. Tout au long de cette guerre, les mercenaires ont souffert du manque d’argent, de vêtements, de nourriture etc. Des mercenaires ont dû attendre jusqu’à six mois avant de recevoir leur salaire. En désertant, ils recevaient une terre de 50 acres et ils n’étaient pas forcés de combattre aux côtés de Patriotes. Il y eut peu de désertions chez les Allemands en 1776 et au début de 1777 parce qu’ils étaient mieux traités que les soldats des Patriotes. Mais, lorsque les conditions de vie chez les Allemands se sont détériorées, le taux de désertion a augmenté, surtout de 1778 à 1779.

(11)  Déserter pour aller où ?

La plupart des déserteurs chez les Patriotes retournaient à la maison, ce qui n’était pas le cas des mercenaires allemands. La barrière de la langue agissait comme un frein à la désertion chez les mercenaires allemands. Voilà pourquoi, les prisonniers allemands étaient la plupart du temps transportés dans des communautés allemandes en Pennsylvanie.

(12) Un traitement royal

Les prisonniers Allemands étaient tellement nombreux en Pennsylvanie que Christopher Ludwick proposa en mars 1777 au Congrès de servir de superviseur de ce groupe. Voici ce que Ludwick a écrit à ce sujet et que Krebs rapporte dans son livre (p. 154): « Many of the Hessians & Waldeckish Prisoners of War especially single men are so well pleased with this Country and the Way of its Inhabitants that at all Events they would rather prefer to settle here than to return to the dreary abodes of Bondage from whence they came ». Son plan n’a pas été appliqué.

(13) Des prisonniers sans chaînes

Les prisonniers allemands jouissaient d’une grande autonomie et liberté. Voici le texte de Krebs à ce sujet (p. 147-8) : « The prisoners on horseback had been laborers traveling back and forth between Lancaster and their employers. Each German prisoner who worked received food, drink, and I shilling in Virginia currency per day. »

(14) Le rôle du régiment Waldeck

Le régiment Waldeck accompagnait  l’armée britannique, le Pennsylvania Loyalists et le Maryland Loyalists avant le grand Déménagement en Floride. À l’automne 1778, tous ces régiments se rendirent en Floride et y restèrent jusqu’en 1781. À Pensacola, ils ont construit le Fort Georges sous la gouvernance du Général Campbell. Todd Braisted prétend que 10 000 militaires et civils faisaient partie de ce Déménagement de New York à la Floride. En tout, 250 navires furent affrétés pour cette aventure. Voici le texte de Todd Braisted à ce sujet:
http://www.royalprovincial.com/military/rhist/paloyal/pal3hist.htm
(15) Le sort du régiment Waldeck
Le régiment Waldeck est le régiment allemand qui a combattu sur le territoire le plus éloigné de son lieu d’arrivée en 1776 à New York. Le Waldeck est resté en Floride de 1779 à 1781. Dans ce bastion loyaliste, les Waldeckers ont connu des batailles fermes, plusieurs escarmouches et le siège du Fort Georges. Leurs pertes ont été considérables via les batailles, la désertion et les maladies. Le régiment Waldeck comprenait au départ 1 220 soldats, dont 758 faisaient partie du premier contingent de 1776.

(16) La désertion de Philipp Lange

Philipp Lange a déserté au mois d’août 1778 du 3e Waldeck, 2e Compagnie (cpt Alberti). Par ailleurs, il ne figure sur les feuilles d’appel d’aucun régiment des Patriotes.

Il y avait deux militaires qui portaient le nom de Philip Long dans ces régiments Patriotes, l’un en Pennsylvanie et l’autre en Virginie. Il est facile de les suivre longtemps après la fin de la guerre : ils ont continué de vivre aux États-Unis, y ont reçu une pension militaire et y sont décédés.

Un autre Philip Long a paru sur une feuille d’appel du régiment Provincial New York Volunteers à l’automne 1777 (Cpt John Howard). Il était malade au camp. Cependant, il n’apparaît pas sur la feuille d’appel suivante. Il est décédé au cours de la guerre. Il a été identifié par Benoît Long.

J’ai aussi identifié un Philip Long du 5th Pennsylvania (Cpt John Chrystie) sur la feuille d’appel d’octobre 1779. Ces deux derniers Philip Long pourraient être le même individu et l'un des deux pourrait aussi correspondre à celui qui a reçu une pension militaire après 1783.

Puisque plusieurs Philip Long font partie des recensements américains après 1783, il est évident que nous ne pouvons savoir si ces individus correspondent à ceux qui ont fait partie de régiments Patriotes durant la Révolution.

(17) Une désertion ferme

Si Philipp Lange avait été un prisonnier aux mains des Patriotes et qu’il aurait été libéré comme tant d’autres, il serait retourné à son régiment. Philipp Lange est sans contredit un déserteur comme l’indique son dossier militaire à Marburg.

(18) Où est passé Philipp Lange ?

À partir du mois d’août 1778, nous n’avons aucune trace de Philipp Lange. Il n’est pas retourné en Europe en 1783 comme son frère. Il est possible qu’il soit demeuré aux États-Unis (Pennsylvanie, par exemple) à partir de cette date et qu’il ne s’agisse pas de notre ancêtre. 

(19) Henrich Lange, le frère de Philipp

Le frère de Philipp Lange, Henrich, a déserté et a été fait prisonnier, mais il est revenu à son régiment. Il est retourné en Allemagne en 1783 où l’on a tenu compte de sa désertion.

(20) Le West Florida Royal Foresters
La Feuille d’appels (muster roll) du West Florida Royal Foresters (WFRF) où l’on voit un dénommé Philip Long identifié comme l’un des 18 déserteurs, dont plusieurs de ces désertions ont eu lieu le 9 mai 1781, le lendemain de l’explosion de la réserve de poudre du Fort Georges.
Un dénommé Philip Long apparaît sur la feuille d’appels du West Florida Royal Foresters (WFRF) du 24 juin 1781. Il compte parmi les déserteurs le lendemain de l’explosion de la réserve de munitions du Fort Georges et la capitulation de Campbell, le 8 mai 1781. Dix-huit militaires du WFRF ont déserté après cet événement, sans compter ceux des autres régiments dont le nombre a atteint 300 déserteurs qui ont pris la route de la Georgie.
C'est crucial de savoir que ces déserteurs se sont dirigés vers la Georgie, car mon ancêtre Philip Long s'est inscrit dans le King's American Regiment pour la 1ère fois en Georgie.

Il est surtout important de souligner que le WFRF était un régiment de cavalerie et qu’il a été formé sur place en Floride. Avant cette date, aucune autre feuille d’appels n’a été trouvée pour ce régiment particulier. Il semble qu’il a été formé à partir d’autres régiments démantelés à cet endroit.

(21) Les déserteurs du WFRF
Aucun membre du WFRF identifié comme déserteur en mai 1781 ne figure dans le KAR en octobre 1781, à l’exception de Philip Long. 

(22) Une monture
Certains de ces déserteurs ont été capturés plusieurs semaines dans les marais de Floride après l’explosion du Fort George. Si les déserteurs du WFRF n’ont pas été retrouvés, il est possible qu’ils disposaient d’un cheval, ce qui leur a permis de s’évader sans être poursuivis par les Espagnols.

(23) Le King’s American Regiment (KAR)
 Le nom de Philip Long apparaît sur une feuille d’appels du King’s American Regiment (KAR) datée du 27 octobre 1781 au 24 décembre 1781 à Savannah, Georgie. Le KAR était aussi un régiment de cavalerie.
La distance qui sépare Pensacola et Savannah est de 450 milles, une distance qui peut être parcourue aisément par un cavalier en moins d’un mois. Je prétends que ce Philip Long du KAR est sans contredit l’ancêtre des Long/Lang du Madawaska NB. Il est donc raisonnable de croire que notre ancêtre a fait partie du WFRF avant de s’inscrire dans le KAR. Ce passage d’un régiment à l’autre fait partie de mon hypothèse. 
Le Waldeck s'est rendu en Floride en 1778-9 et accompagnait les Britanniques, le Maryland Loyalist et le Pennsylvania Loyalist. Il existe des feuilles d'appel pour la 3e Compagnie du Waldeck, mais il n'en existe pas pour la 2e Compagnie (Capt Alberti), en se fiant aux dossiers de Marburg. 

Il est possible que Philipp Lange soit retourné à sa Compagnie (2e) avant de déménager en Floride. D'ailleurs, son frère Henrich a été réintégré dans sa Compagnie (3e) après avoir déserté. Une fois en Floride, Philipp aurait déserté une fois de plus vers le WFRF. Il est aussi possible qu'il faisait partie d'un régiment loyaliste qui s'est rendu en Floride lors du grand Déménagement. En Floride, le Waldeck a subi un nombre considérable de désertions.

(24) Le vol d’un sac de malle
Le fait que Philip Long a indiqué qu’il avait volé un « sac de malle » pour l’offrir aux Britanniques sous-entend qu’il a pu être courrier durant la Révolution. Il avait donc une monture, puisque les courriers étaient nombreux à faire la navette à cheval entre les régiments.  Intercepter du courrier était fortement encouragé et généreusement récompensé.

(25) La valeur de la cavalerie
Les cavaliers étaient mieux payés que les soldats réguliers. De part et d’autres, on faisait des pieds et des mains pour s’accaparer des chevaux, des armes ou de tout autre butin. Un cavalier déserteur valait son pesant d’or. Le Général Washington offrait 200$ pour la capture d'un courrier et de sa monture.

(26) Philipp Lange de Wirmighausen
Philipp Lange habitait Wirmighausen lors de son inscription dans le Waldeck, une localité rurale d’Allemagne. Est-ce que ce fait a pu le rendre familier avec les chevaux ? Rien ne le prouve. Bien d’autres mercenaires provenaient de communautés rurales et ne sont pas devenus des cavaliers pour autant. J’ajoute que Philipp n’est pas né à Wirmighausen.

(27) La période nébuleuse
Entre l’arrivée de Philip Long en 1783 à St-Jean NB et son mariage en 1792 à Québec, nous avons peu de documents qui retracent ses allées et venues durant cette période nébuleuse. Cependant, la documentation amassée par la suite nous montre sans l’ombre d’un doute que Philip Long faisait partie du KAR et qu’il est notre ancêtre.

Si nous avons de l’information concernant notre ancêtre, c’est sans contredit parce qu’il faisait partie du King’s American Regiment de 1781 à 1783. Personne n’a encore trouvé un baptistaire au nom de Philip Long qui lui convienne. Je prétends que Philipp Lange est devenu Philip Long. Un test d’ADN décidera du sort de cette hypothèse.

(28) Acheter sa liberté
 À la fin du Conflit, les mercenaires pouvaient aussi acheter leur liberté moyennant une somme d’argent. Certains princes Allemands ne souhaitaient pas leur retour en Allemagne, s’abstenant ainsi de leur payer une pension militaire comme il avait été convenu à la conscription.

(29) Une mauvaise journée
À la bataille de Saratoga, 655 soldats britanniques et 160 Hessians ont déserté.

(30) Entre les deux mon coeur balance
Todd Braisted a souligné le fait que des soldats ont combattu des deux côtés, britannique et américain. « Thousands of men served on both sides during some part in their Revolutionary War careers, some by necessity and others by conviction. Their stories remain relatively hidden in period documents, at least without careful scrutiny.  It is a lesson to researchers that even though individual manuscript documents may be primary sources, they may not accurately represent the facts. »

(31) Du loyalisme bien pâle
Est-ce que le loyalisme était bien ancré chez les soldats ? Voici ce que Todd Braisted a écrit en 2015. « For thousands of soldiers and civilians, “patriotism” or “loyalism” were secondary concepts to personal safety and security.»

(32) La désertion tout azimut
Don H. Hagist a publié un article révélateur concernant la désertion dans Journal of the American Revolution dans lequel il souligne des aspects de la désertion que la plupart des auteurs évitent de mentionner.

(33) Distinction entre la Milice et les Provinciaux
Philip Long était un soldat régulier (private) du KAR, un régiment Provincial.
Il y a une distinction importante à faire entre la Milice et un regiment Provincial. Le WFRF, le KAR, le Pennsylvania Loyalists et le Maryland Loyalists étaient des regiments Provinciaux. Un regiment provincial avait un statut fort similaire aux regiments britanniques réguliers.
La Milice était plutôt composée de citoyens qui prenaient les armes pour une courte période sans même recevoir un salaire, après quoi ils retournaient à la maison.

Voici la distinction que Todd Braisted fait des deux régiments. « Provincial soldier was one who was raised for a fixed period of time (the duration of the war), was paid, clothed, armed, fed, etc. the same as a British soldier, was liable to the same military discipline and could serve anywhere in North America, although generally this meant only the provinces on the Atlantic between Nova Scotia and West Florida.
 The second largest of the establishments, and perhaps the least studied, was the farmer soldiers known as militia who served the King in those areas controlled by the British. With the exception of the militia in the Carolinas, few of these units received pay or clothing.»